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Partir en vacances grâce à sa coopérative

Le groupement d'employeurs créé par la coopérative Jeune Montagne encourage les éleveurs à prendre des congés, grâce à des salariés formés aux particularités de leur cahier des charges.

À Laguiole, dans le nord de l’Aveyron, la coopérative fromagère Jeune Montagne a pris le parti de constituer son propre groupement d’employeurs afin de procurer une solution de remplacement à ses producteurs.

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La coopérative Jeune Montagne, qui rassemble 77 exploitations laitières sur le plateau de l’Aubrac, fait face à un constat inquiétant dans les années 90. « Beaucoup de jeunes souhaitaient s’installer, mais la traite matin et soir imposée par le cahier des charges de l’AOP (1) offrait peu de perspective de temps libre », témoigne Stéphanie Girbal, responsable des relations avec les adhérents de la coopérative.

« Les éleveurs voulaient pouvoir bénéficier de vacances pour partir avec leurs enfants et leurs compagnes », mais la majorité d’entre eux, installés en individuel, pouvaient difficilement envisager de prendre des congés face aux astreintes. Se posait aussi la question du remplacement en cas d’accident ou maladie. La coopérative a commencé par « étudier la faisabilité de créer un groupement d’employeurs », en fonction des besoins des adhérents, dans l’objectif de pérenniser la production et encourager de nouvelles installations. Une idée qui s’est finalement concrétisée en 1996 pour pallier le peu de solutions de remplacement dans la région.

S’il comptait un seul salarié lors de sa création, le groupement dénombre aujourd’hui 5 employés à temps plein. « La demande devenant croissante, il y a eu des embauches successives », détaille Stéphanie, également chargée de la gestion du planning et des salariés du groupement.

Une aide pour financer les congés

Au-delà de la simple création du groupement d’employeurs, la réflexion a aussi été financière, afin d’encourager l’accessibilité à ce service et mutualiser les coûts. « Chaque exploitation adhérente (2) a le droit à 25 journées par an à un tarif de 60 € la journée », explique Stéphanie, grâce à la coopérative qui verse une subvention au groupement d’employeurs pour assurer son fonctionnement. Un tarif qui reste appliqué dans le cas d’un arrêt de travail, alors que le coût réel d’une journée de remplacement est « plutôt de l’ordre de 150 € ».

En outre, toute la gestion administrative du groupement et des salariés est prise en charge par la coopérative. Elle prévoit également une aide de compensation pour les producteurs qui utilisent une autre solution de remplacement, afin que le coût d’une journée de remplacement leur revienne aussi à 60 €, « dans un souci d’équité ».

Sur les 77 exploitations de la coopérative Jeune Montagne, 72 adhèrent au groupement. « 35 exploitations utilisent de manière fréquente le groupement d’employeurs, constate Stéphanie. Pour d’autres, c’est plus ponctuel, au moment des congés par exemple. Aujourd’hui beaucoup nous sollicitent, notamment sur la période estivale de mi-juillet à mi-septembre. »

Selon la responsable des plannings, 30 % des journées de remplacement sont destinées à des congés, et 30 % à des compléments de main-d’œuvre. La variable d’ajustement dépend des remplacements pour accident ou maladie, qui sont prioritaires sur le reste.

Formés à la traite en lait cru

« Notre spécificité, c’est que nos salariés sont formés pour la traite en lait cru », dans le respect du cahier des charges de l’AOP, souligne Stéphanie. Lorsqu’un salarié rejoint le groupement d’employeurs, il suit un parcours de formation de près de deux mois, au cours duquel il est amené à se rendre sur plusieurs exploitations représentant toute la zone géographique de l’appellation et une grande variété de systèmes de traite.

La responsable reconnaît tout de même un certain « turnover » des salariés, parce qu’il s’agit souvent « d’une phase de transition », ou « d’un passage avant une installation par exemple ». Si ce fonctionnement peut se révéler « compliqué en termes de gestion, il est tout autant voulu parce que l’objectif est aussi d’avoir un vivier potentiel de repreneurs, de futurs associés sur des structures ».

(1) L’AOP fromage de Laguiole interdit la monotraite.

(2) Adhésion par une cotisation annuelle de 15 € et deux journées de remplacement préfacturées.

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